Angine de Poitrine et David Rovics, qu’ont en commun ces deux noms propres ?
Je profite de cette suite du GAMIQ et de la fin de l’année, en guise de palmarès de découvertes, pour vous présenter ces deux artistes qui ont comme point en commun d’être indépendants et soutenus par une scène alternative et un mouvement de contreculture. Je prends donc quelques minutes pour transférer les lambeaux de phrases que j’avais laissés dans les brouillons de mon courriel pour les transférer ici et sur mon carnet de recherche.
Il y a une semaine, ce fut le Gala Alternatif de la Musique indépendante du Québec, le GAMIQ. Il y a eu un hommage à Lucien Francoeur et à l’ensemble des artisans de la scène émergente du Québec. Un nouveau groupe que j’ai découvert cette année était d’ailleurs en prestation lors de ce gala.
En juin dernier, j’ai été voir Angine de Poitrine et quelques semaines après j’étais traversé par une angine streptococcique. Une coïncidence me direz-vous. Je raconte ici l’épisode de la première angine, le groupe de musique, car la seconde angine m’a mis à l’horizontale – knock-out.
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14 Juin 2024.
Me fais inviter au lancement de l’album d’Angine de Poitrine au Knock-Out par Étienne. Ce sont, me dit-il, de ses chums du Saguenay.
Rencontrer, assis sur une banquette, Antoine, un rédacteur du journal étudiant Impact Campus.
Faire la connaissance d’Ève, une chroniqueuse littéraire à l’émission le Crachoir de Flaubert de CHYZ.
Me rappeler que la banquette sur laquelle ils sont assis est celle où Guillaume, un ancien directeur de la programmation de cette station, faisait des critiques d’albums quelques années auparavant.
Jaser avec François de Musique pas d’air, un groupe de complices qui s’occupe d’animer la scène de la musique improvisée à Québec. Il porte un t-shirt avec une paire de lunettes fumées sur lequel il est écrit Moult éditions, la gang de la Conspiration dépressionniste qui continue de diffuser coûte que coûte.
Quelques semaines avant de déménager avec sa copine, François me raconte qu’il range ses pédales de guitare dans ses armoires de cuisine. Je les imagine par dizaines, de diverses couleurs, cordées les unes à côté des autres, sur les tablettes à côté des tasses et des assiettes. L’image me saisit et j’ignore si ce n’est qu’une production de mon imaginaire.
On parle du Festival OFF qui s’en venait quelques semaines après, de la salle de l’Arquemuse et du Pantoum. On jase pendant quelques minutes avant le début du spectacle, entre les bacs à vinyles.
Tout ce beau monde qui fait rouler une culture locale, bien de chez nous, qui fait rouler pas mal d’affaires, est réuni là.
Pour attiser notre appétit, ça distribue des hot dogs steamés, comme dans le temps à la Belle Province. En bonus, une boisson gazeuse de marque maison que je savoure tellement c’est rare que j’en boive.
Le concert a lieu, je m’étonne du décor, des costumes des artistes, de leur manière de signer leur présence sur scène. ∆
Angine de poitrine, des virtuoses de la pédale à boucler, de la machine à boucler.
Avec cette musique, ces gens bienveillants, ces hot dogs steamés, j’étais repu, repu comme un bambin à qui on vient de donner le sein.
Je sors de ces couloirs de vinyles, me procure une cassette du groupe, souris aux comparses d’écoute et je remercie l’hôte pour l’accueil, Roxanne.
Je dis merci pour la boisson gazeuse, en nommant le nom de la compagnie américaine. Et je sors du Knock-out à petits pas.
Mes pieds marchent sur Saint-Joseph et, deux mètres plus loin, je me rends compte que le dernier nom propre, le dernier signifiant, que j’ai nommé avant de quitter ce lieu est celui d’une corporation.
J’ai clos ma présence en ce lieu de diffusion de culture locale, alternative, underground, un lieu habité par des personnes qui se dédient à la promotion de cette culture singulière, en nommant une marque emblématique de l’Amérique, du consumérisme et de l’homogénéisation de la culture.
Pendant un moment, je me suis fait penser à un de ces personnages de la dystopie LoveStar, de l’Islandais Andri Snær Magnason, qui scande des slogans publicitaires dans l’espace public, qui nomme des marques de produits, pour rembourser ses dettes.
Je fais quelques pas de plus et un air mélodieux de David Rovics monte en moi.
The baby drinks it in his bottle
When the water ain’t no good
The dog drinks it
But he don’t know if he should
Ce sont les paroles de la chanson « Drink of the Death Squads ».
En mangeant un steamé, je découvre Angine de Poitrine. Le festin est accompagné d’un cru gazeux de marque maison. J’en ai bu et ma langue s’est fourchée.
Je repasse en moi des boucles de noms propres, le nom des personnes rencontrées, et des mélodies.
J’ai acheté une cassette de cette culture bien de chez nous. Je peux en faire des copies si vous avez des cassettes vierges de spare. Et il y a aussi leur bandcamp par ici : Angine de Poitrine Vol. 1.
Voilà quelques mélodies d’artistes pour vos oreilles, quelques mots sur l’écosystème de la musique indépendante à Québec et quelques noms propres de personnes qui font vivre cette scène.