– proposition de Simon-pauliviar, membre agréé certifié et pétri en amphigouri expérimental de l’institut méditerranéen de tautologie appliquée, en date du 8 septembre 2023 à la Librairie Saint-Jean-Baptiste.
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En cette occasion du 150e anniversaire d’Alred Jarry, je scande haut et fort ce message :
Il nous faut un lieu pour conserver les solutions imaginaires de notre époque.
Les solutions imaginées par nos contemporains, nos contemporaines, leurs rejetons et leurs ancêtres.
Ô écervelés, décervelés, que nous sommes, ici, aujourd’hui, réunis en ce lieu qu’est la Librairie Saint-Jean-Baptiste,
Il nous faut un lieu pour conserver les traces de ce décervelage passé, présent, en cours, les traces de nos comportements ubuesques, ceux des politiciens, des têtes brûlées, des rescapés de Québec 21 et tralali, tralala.
Il nous faut un lieu pour conserver les exploits – et les corps éviscérés des exploité-e-s – de la machine à décerveler.
Soyez rassuré-e-s, pataphysiciens, pataphysicienne, une institution telle les ‘Patarchives existe.
Oui étonnez-vous-en. Raymond Fleury, administrateur-opitulateur général de provéditeur, a été archiviste du Collège Pataphysique de 1957 à 1999, date à laquelle les archives ont été déposées à la Bibliothèque Carnegie de Reims. L’archiviste Fleury, qui a vécu jusqu’à 100 ans et qui est représenté ici par l’artiste Gorgo, a géré avec minutie et rigueur les archives du Collège, de l’Organon.
Toutefois, rares sont les traces des manifestations pataphysiques québécoises dans ce fonds. Avec l’entrée « Québec », l’instrument de recherche de 267 pages ne présente qu’un seul résultat, un dossier ayant pour titre « Instituts pataphysiques à l’étranger ».
Considérant, ce trou, cet abysse archival, ce manque archivistique, ce non répertorié, cet inarchivé, ce non su parce que non documenté, ce je-ne-sais-pata-quoi qui fait ce tout,
il nous faut, pas plus tard que plus tard,
mesdames, messieurs, père et mère Ubu, distinguées hôtes,
instituer, les ‘Patarchives de Québec Ville.
Ce n’est qu’ainsi que pourra perdurer… le carnaval de l’être. Et accessoirement, cela permettra à quel con encore ou quelconque chercheur de comprendre, à partir des ‘Patarchives de Québec –Ville – ce qui signifie cette expression décervelée : « Au Québec, c’est comme ça qu’on vit ».
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Les premiers dépôts aux ‘Patarchives de Québec Ville
Les ‘Patarchives de Québec Ville étant instituées en ce jour, je vais procéder aux dépôts de trois témoignages. Le premier est le suivant.
De l’automne 2016 à 2018, un effronté, écervelé, a ouvert rien d’autre qu’un bar à sabrage dans le quartier Saint-Roch. L’ancien directeur du Café rencontre du centre-ville, Michel Godin, raconte ceci :
« On a eu peur des marginaux pendant des années, mais avec la revitalisation du quartier Saint-Roch, on réalise que tranquillement, la mixité se fait. J’y ai toujours cru. Et on arrive aujourd’hui avec un concept de champagnerie à côté d’une soupe populaire, c’est un beau défi ».
C’est exactement ce type de projet décervelé de société qu’il nous faut conserver dans les ‘Patarchives, un champagnerie à côté d’une soupe populaire. De par ma chandelle verte, c’est toute qu’une solution imaginaire.
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Parmi les dossiers décervelés de la Haute-Ville, en voici un qui est encore actif à la Cour supérieure du Québec. Sur le site de l’ancienne église Saint-Cœur-de-Marie, représenté ci-joint par nul autre que Marc Boutin, sur ce site, un décervelé de première du nom de Lessard réclame 12 millions à la ville de Québec pour abus de pouvoir et mauvaise foi.
Le Groupe Lessard voulait construire un stationnement de neuf étages sur ce site avec pas moins de 349 cases de parking.
« Y paraît que c’est d’même que ça s’passe au Québec », chante le groupe les Vulgaires Machins.
C’est exactement ce type de projet décervelé de société qu’il faut conserver dans les ‘Patarchives, des projets de parking simonac.
J’ajouterai dans la correspondance des ‘Patarchives une lettre et un vinyle à l’attention de Loïk Lessard, le président de la société par actions 9222-9293 Québec inc.
Cher monsieur Lessard, je me ferai bref en vous proposant d’écouter ce 45 tours et vous exhortant d’aller faire l’amour en stationnement ailleurs qu’en ce haut lieu de l’Église Saint-Cœur-de-Marie.
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Enfin, dernier témoignage que j’aimerais déposer et qui est, lui aussi, lié à l’histoire contemporaine.
Sachez avant tout que je ne suis qu’un piètre imitateur de la bêtise des autres.
« Je vais faire une courte déclaration d’abord
Ahhh, (respiration)
Je vous le dis
D’emblée c’est un sujet très émotif
Je m’étais parlé
Je veux d’abord
Présenter mes excuses
Aux gens de Lévis
Et aux gens de Chaudière-Appalaches
J’ai pris un engagement
Et je ne suis pas en mesure de le livrer
Et donc
Je comprends leur déception (respiration)
Je comprends leur colère
Et eee, je suis vraiment désolé
L’engagement que j’ai pris était sincère
Le trafic que j’observais l’été passé était réel
J’ai sincèrement cru que le trafic de malade qu’on avait l’été passé
Était la nouvelle normalité
Et puis visiblement, une fois que les travaux sont terminés
Le nouveau trafic normal d’après la pandémie n’est pas le trafic qu’on avait auparavant.
Et c’est ce que les études démontrent.
Et donc les données qui reflètent la réalité
Démontrent que pour le moment en tout cas
un lien autoroutier ne se justifie pas.
Maintenant, j’ai dit aussi l’été passé,
Qu’un lien de centre-ville à centre-ville
C’est quelque chose en quoi je crois
Je pense qu’un lien de centre-ville à centre-ville
C’est nécessaire, on en a besoin
Et on le mérite. »
Ce sont ainsi de tels témoignages, des pièces d’archives, des pièces à conviction qu’il nous faut sauver de l’oubli. Il nous faut toutes les types de supports, du papier qui certifie l’authenticité du délire, de l’enregistrement idiot, audiovisuel, qui permet de saisir les tremblements de la voix, etcétéra, etcétéra, et etcétéra.
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De grâce, par la grâce, c’est et ce sera grâce aux ‘Patarchives de Québec Ville,
Ubuesque, jarryesque, que t’« au Québec icitte »,
Je me souviens.