Au printemps 2022, dans le colloque Archives d’en bas Matri·patrimoines archivistiques et matri·patrimonialisation France/Canada qui rassemblait essentiellement des archivistes de profession, j’ai commencé une communication de manière pompeuse en mentionnant que « l’archiviste professionnel n’a pas le monopole de la définition de ce que sont les archives ».
Cette affirmation est en effet une bravade, une manière non pas de discréditer une profession, mais plutôt d’attirer l’attention sur la production des archives par des non-professionnels dans des espaces où il n’y a pas de services d’archives.
Je désire ainsi pointer vers des fabriques alternatives d’archives, d’autres sites de production de documents et d’archives et d’autres acteur·trice·s à considérer. C’est essentiel de la contribution d’autres figures à la production des archives et l’écriture de l’histoire, de celle de « l’archiviste ad hoc », dont il m’importe de reconnaître la contribution.
Le jour de la présentation intitulé, « Un archiviste ad hoc, entre archives radiophoniques et archives orales. Le cas de Robert Dubé et du journal Le Canada (1903-1953) », j’avais précisé ma pensée ainsi à ce sujet.
Mon rapport aux archives vient de gens qui sont animés par une passion : ce sont des amateur-e-s, des non-professionnel-le-s, des dilettantes qui manipulent des documents et qui finissent, somme toute, par sauver des pans entiers de l’histoire. Ces gens-là, qui demeurent trop longtemps et trop souvent dans l’ombre, jouent un rôle quant à la mémoire de la société civile, des organismes communautaires et, plus largement, des mouvements culturels contestataires et de la contre-culture. En 1922, un archiviste anglais du nom de Hilary Jenkinson a utilisé le terme de « l’archiviste ad hoc » pour désigner une personne qui assure les responsabilités archivistiques que l’archiviste professionnel n’est pas en mesure de prendre en charge. Afin de souligner le 100e anniversaire de la figure de l’archiviste ad hoc, je présenterai le cas de Robert Dubé que j’ai rencontré en juillet 2021 à Carleton-sur-Mer. Je prendrai le temps d’introduire son cas ainsi que les archives orales et radiophoniques qu’il a constituées, et ce, afin que l’on commence à reconnaître le travail de l’archiviste ad hoc – aussi partielle, partiale et « en miettes » sa contribution soit-elle.
C’est dans cet esprit que j’ai rédigé la recension de l’ouvrage Archiver le temps présent. Les fabriques alternatives d’archives dirigé par Véronique Fillieux, Aurore François et Françoise Hiraux.
Cette contribution est téléchargeable via le lien ci-dessous.